MESDAMES, MESSIEURS, CHERS AMIS,
Déjà, 50 ans presque jour pour jour, nous fêtions le 20éme anniversaire de la libération. Il y eut dans les landes beaucoup de cérémonies du souvenir C'est ainsi qu'en Aout 1964 (en présence du préfet des landes M. André DUPUY et de M LAMARQUE CANDO Député maire fût inaugurée cette stèle, à la mémoire de l'oncle NOËL d'après le journal de l'époque, et avec un point d'interrogation, combien étaient-ils ce jour-là ? Quinze cents, deux mille ?
Malgré le temps passé, en ce 70ème anniversaire, nous sommes encore là pour faire mémoire, nous souvenir.
NOËL GARAUDE,
Né le 25 Décembre 1918 Jeune homme volontaire, déterminé il est engagé par devancement d'appel pour le service militaire, le 3 avril 1939.
Il embarque à Bordeaux pour Casablanca.
Au début de la guerre contre l'Allemagne il se trouve au MAROC où il accomplit son devoir jusqu'à fin février 1942, date de sa démobilisation.
Il rentre alors à MOUSTEY, chez ses parents et reprend sa place dans l'entreprise familiale mais ce n'est pas dans son tempérament de ne pas participer à cette guerre et comme l'avait dit, en son temps à Mr Lamarque-Cando, il fut « mis dans le bain » en 1943.
Il est intégré dans le réseau DENIS ARISTIDE BUCKMASTER et ne cessera de rendre des services à la résistance.
Il n'hésitera jamais à remplir les missions les plus périlleuses et ceci à l'insu de ses parents et amis.
Avec les véhicules de l'entreprise familiale, il ravitaillait le maquis, et transportait armes et munitions parachutées sur PISSOS « à la barbe » de l'occupant. Enfin il a conduit en lieu sûr certains chefs de la résistance traqués ou poursuivis par la Gestapo.
C'est lui qui, avec son camion déplace le maquis de Sabres à Lencouacq.
C’est dans la nuit du 21 au 22 AOUT 1944 qu'il fut mortellement blessé à cet endroit même
Monsieur René GUILHEMSANS, son camarade et AMI raconte :
« L'ordre, nous avait été donné par nos chefs d'arrêter un véhicule sur la Nationale 10 axe Bordeaux Bayonne.
Habitués à ce genre d'opération, nous partons confiants-à l'endroit qui avait été déterminé dans la journée, nous étions une dizaine, sur la route nous faisons un barrage à l'aide de rondins de bois nous attendons ; a 23 H heure prévue nous avons entendu le véhicule arriver mais le conducteur, ayant vu notre barrage, s'arrête avant sur ordre du chef, nous tirons, mais l'ennemi en face est mieux armé, et nous sommes obligés de nous rabattre toujours sur ordre. Trois d'entre nous furent blessés – Monsieur Delest et Monsieur Ferrand légèrement blessés purent marcher jusqu'à la ferme la plus proche. Là nous avons pris une brouette pour transporter NOËL – celui-ci était sérieusement touché (une balle à l'abdomen)
Inutile de vous dire que les enfants de ces fermiers, ayant tout entendu, ne purent aller à l'école, les jours suivants, par peur des représailles.
Sachant tous mes camarades à l'abri, je suis parti à vélo à MOUSTEY, à la recherche d'une voiture en état de marche ( à l'époque il n'était pas rare de mettre les voitures hors d'état de marche, afin que l'ennemi ne puisse les utiliser)
NOËL fut conduit chez le médecin, celui-ci voyant la gravité de ses blessures décida de le conduire lui-même dans une clinique à Bordeaux
Avec l'aide d'une coiffeuse alsacienne, il rédige en allemand une lettre disant que le patient souffrait d'une crise d'appendicite aiguë. Un faux tampon de la Kommandantur et l'affaire est réglée. NOËL, est roulé dans des couvertures, afin que l'on ne voit pas ses blessures -
Comme nous nous y attendions, nous avons trouvé 2 barrages. La lettre et
le cachet suffirent pour nous laisser passer.
A la clinique, il fût de suite pris en charge mais le vieux médecin ne nous cacha pas son inquiétude. Après son opération, Jean son frère et moi-même étions très préoccupés par son état.
Lorsque le lendemain nous sommes retournés tous les deux pour le voir, il était encore en vie.
Alors il nous a regardés et ses mots, les derniers que je ne pourrai jamais oublier furent :
« JE VAIS MOURIR, MAIS JE SUIS HEUREUX, J'AI FAIT MON DEVOIR DE PATRIOTE »
Décédé quelques heures plus tard, il fût enterré au cimetière de Bordeaux Caudéran, ou sa tante avait une caveau.
Dès que cela a été possible nous sommes retournés à Cauderan, pour déterrer le cercueil de NOËL et le ramener dans son village au milieu des siens, où il repose désormais.
FIN DE L'HISTOIRE
NOËL fût à titre posthume nommé au grade de chevalier de la légion d'honneur et reçu la croix de guerre avec palme.
Enfin, pour terminer, je tiens ici à remercier le Souvenir Français des Landes en la personne du Général SABATIER-DAGES, sans lequel, nous ne serions pas là aujourd'hui. En effet, il y a quelques années, personne ne sait comment, cette stèle a été complètement endommagée et mise en morceaux.
Elle fût déplacée plusieurs fois à cause des travaux de l'autoroute.
MERCI encore au Souvenir Français et au Général SABATIER-DAGES qui ont permis la réhabilitation de cette stèle, et à tous ceux qui, pour cette cause, la MEMOIRE, le SOUVENIR, travaillent dans l'ombre.
Marie-Christine FRANK
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